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De quoi ?

L’élection pestilentielle, cancer de la démocratie française

Ça va repartir. 2022. Toute la vie politique et médiatique française va doucement s’aligner vers l’élection présidentielle.
Et tu penses qu’on va parler de quoi? Du « monde d’après »? La bonne blague.
La pandémie ? On s’en fout, ceux en place la gèrent comme des poulets sans tête et les autres n’arrivent pas à s’exprimer.
La crise écologique et environnementale? Elle sera traduite par « Il faut à tout prix réduire les écologistes à l’état de nains , faute d’être capables de réduire la part croissante de la population qui pense que c’est la solution ».
L’explosion à venir du chômage et de la pauvreté, déjà à des niveaux insupportables? La gauche fera des promesses intenables, la droite dira qu’il faut aller plus loin dans les réformes, et les extrêmes surferont sur la souffrance en expliquant qu’avec de l’ordre, tout rentrera… dans l’ordre.

Non, on ne va pas parler du « monde d’après ». On va parler du « leader » qu’il nous faudra pour sortir du monde de maintenant. De ses qualités de chef, de sa hauteur, de son énergie, de son expérience, de son chien, de ses pantalons et de ses chemises, et pas de sa vie sexuelle, ça on n’a pas le droit on est pas des Américains tout de même!

Le type qui aurait pu fissurer les murs du bonapartisme, en 1981.

L’élection présidentielle, c’est « l’élection pestilentielle »
(Coluche cœur câlin bisou putain de camion tu nous manques).

En 20 ans, je n’ai voté qu’une seule fois au 2ème tour d’une présidentielle.
En 2002 j’ai refusé de jouer le jeu de Chirac le rempart. J’ai attendu 19h et j’ai voté blanc.
En 2007 j’ai voté pour José Bové au 1er tour, des deux mains. Mais au second tour, quand j’ai vu pendant le débat des deux finalistes que Royal n’avait aucune chance, tellement elle était mauvaise contre l’escroc Paul Bismuth, j’ai voté blanc dès le matin.
En 2012, j’ai voté Eva Joly au 1er tour. Elle n’avait absolument rien à faire là, elle avait fait une campagne catastrophique, les écolos s’étaient tirés une balle dans le pied en cassant les deux pattes arrière de Hulot pendant leur primaire, mais de toute façon j’étais déjà persuadé que le problème, ce n’était pas les candidats mais l’élection. Je voulais virer Paul Bismuth, j’ai voté Hollande au 2ème tour en me marrant, et sans aucune conviction.
En 2017, j’ai voté Hamon au 1er tour pour lui éviter la honte de finir sous la barre des 5%. Je l’aime bien, Benoit. Il s’était trompé d’élection, il pensait que c’était un congrès de l’UNEF. C’était à pleurer de rage. Et au 2ème tour, il était hors de question que je me salisse les mains à voter pour le candidat du capitalisme de surveillance, même pour éviter le national-populisme.

Le livre à lire. Tu peux le voler si tu n’as pas le fric pour le payer.

Parce que c’est ça l’alternative que l’on nous construit encore pour 2022. D’un côté le capitalisme de surveillance, c’est-à-dire un régime où l’économie prime sur tout, où les entreprises nous fliquent pour mieux assurer notre bonheur individuel de consommateur, où la police règne sans contestation sur le corps social. Il faut lire L’âge du capitalisme de surveillance de Shoshana Zuboff pour comprendre ce que font Macron et sa bande. Ou en lire des résumés, ou des articles qui en parlent. Ou même lire les trois premiers chapitres du roman d’Alain Damasio, Les furtifs.
(les pages d’après, c’est pas obligé sauf si t’es fan du style et du genre).
Et d’un autre côté, c’est le national-populisme de Le Pen et d’une partie croissante de la droite plus républicaine du tout. Le vieux fonds idéologique né entre les deux guerres en Europe, modernisé soft et glamour-catho, propulsé par les armées du mensonge et du complotisme grâce aux réseaux sociaux.

L’élection présidentielle, c’est le cancer de la démocratie.
Elle pourrit tout, elle corrompt tout, elle nécrose toute la vie politique. On a une démocratie à l’agonie. Moi, je n’en peux plus. Depuis Napoleon 1er la France se tape le fantasme de l’homme providentiel, le leader qui résout tout et à qui il ne faut rien opposer. Les rares moments où l’on a pas eu de constitutions bonapartistes, c’étaient des moments de crises politiques, économiques ou militaires ou sociales tellement fortes, le bordel était tellement énorme et les élites de l’époque tellement incompétentes qu’on revenait immédiatement à la figure du sauveur omnipotent. Comme si les Français étaient des enfants. Comme si c’était le seul peuple incapable de se prendre en main.

L’affiche la plus surréaliste de l’histoire de notre 5e constitution bonapartiste

La dernière version de notre bonapartisme est non seulement la plus longue (on se la tape depuis 60 ans), mais aussi la plus cynique. Elle a métastasé, gangrené toutes les sphères de pouvoirs.
Vous vous rendez-compte qu’en France, pour déclarer une association, le truc légal le plus facile à faire y compris pour faire des barbecues entre potes, on doit forcément désigner un ou une présidente ? Vous trouvez pas ça fou?
Les collectivités locales se sont abîmées en fiefs de petits seigneurs le plus souvent aveugles et sourds à ce qui les entoure. On a créée des intercommunalités énormes qui prennent toutes les compétences importantes des communes, et qui sont dirigées non seulement sans coopération la plupart du temps, mais élues dans une absence de conscience des électeurs, par une infime minorité d’entre eux à l’échelle de leurs territoires, et personne n’en parle.
Tout ça parce qu’on nous bourre le mou depuis 60 ans en nous disant que la seule méthode, le seul modèle efficace pour diriger un pays ou un territoire ou une entreprise, c’est la centralisation du pouvoir autour d’une personne forcément charismatique et unique, et que le pouvoir est vertical – forcément -, pyramidal – de fait -, et que sinon c’est la chienlit, n’est-ce pas mon général ?

Tant qu’on n’aura pas un régime où les pouvoirs se contrebalancent, se tempèrent, s’équilibrent, tant que le parlement sera élu en éliminant 60% de la diversité politique, on aura un chef suprême, toujours plus incompétent, toujours plus isolé, toujours plus autoritaire.

En 2022, je pourrais éventuellement voter pour un ou une candidate au 1er tour si elle ou il s’engage à dire franchement à tout le peuple français que ce sera la dernière élection présidentielle avant une refonte totale de la constitution.
Pour le moment, les deux seuls qui avancent tout doucement sur ce terrain-là n’ont aucune crédibilité sur cette proposition.
Mélenchon est le plus bonapartiste de tous les candidats, il se rase tous les matins en se pensant le sauveur suprême du peuple. Il est incapable de considérer les autres comme des égaux et de coopérer avec eux. Jamais il n’aura ma voix. Que les insoumis le virent s’ils en sont capables, et on pourra commencer à discuter.
Jadot se plante sur à peu près tout. Il est comme tous les écolos, incapable de grandir et de sortir de son bac à sable écolo. Quand les écologistes auront un programme économique digne de ce nom, un programme social digne de ce nom, un programme culturel digne de ce nom, un programme international digne de ce nom, ils pourront vraiment représenter une alternative. Pour le moment ils sont incapables de sortir de leur niche, et quand ils ne sont pas occupés à se flinguer entre eux, ils pleurnichent que les autres ils ne font rien qu’à les copier les méchants.
Grandissez, bordayl ! Vous êtes à peu près notre seul espoir de transmettre un monde vivable à la génération d’après et vous passez votre temps à vous autodétruire.

Le reste de la gauche est fossilisée. La gauche française s’est construite sur le modèle qu’elle combat depuis toujours : baronnies, féodalités, fiefs, accumulation de capitaux symboliques. Du capitalisme appliqué aux organisations politiques. Comment veux-tu construire autre chose si tu es ton propre ennemi ?
Macron et sa bande d’incompétents ne sont bons qu’à deux choses : créer les conditions pour une dictature soft en saisissant toutes les occasions pour renforcer le contrôle policier sur la société, et vendre les biens et l’ordre public au capitalisme de surveillance, celui qui saura tout de votre aliénation à la consommation, qui vous interdira de l’ouvrir en public, fera crever les secteurs « improductifs et non-essentiels », nous interdira de bouger si on n’est pas vacciné, tamponné, soumis.
L’extrême-droite fera ce qu’elle sait très bien faire : faire croire aux plus fragiles que la solution c’est : « un pays, un peuple, un leader ». Et ces imbéciles de la droite dite « républicaine » hésiteront entre la dictature soft et le national-populisme.

Carnon Plage tout vide, tu peux pas test…

Voilà. C’est le printemps, c’était mon message d’optimisme et ma résolution pour l’année à venir.
Je m’y prends tôt parce que je me dis que si, du haut de mon blog so-2010 à 400 vues toutes mouillées, relayé sur mon compte twitter intermittent à 300 vues actives, et mon profil Facebook à 3000 contacts worldwide dont au moins 2600 qui ne voient rien de ce que j’écris, ben… si ce message peut enfler et faire résonner quelque chose, peut être qu’en avril et mai 2022, je n’irais pas à la plage tous les dimanches avec les potes.

Bisou, cœur avec les doigts, et respect si tu as lu jusque-là.

François