Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès. Ça fait 101 ans. Par son assassinat, la gauche, paradoxalement, rentre dans la première guerre mondiale. C’est sa première trahison.
C’est loin tout ça. Le monde s’est tellement accéléré depuis. Jaurès on lui a d’abord pissé dessus. Son assassin a été acquitté, et c’est la veuve Jaurès qui a été condamnée à payer les frais du procès. Mais la gauche, en ordre dispersé, l’a fait entrer au Panthéon. Et depuis, Jaurès est l’étendard d’une gauche démarxisée mais qui ne veut quand même pas rompre même si enfin pas que.
Et surtout, Jaurès est le grand tribun de la gauche à l’ancienne. C’est le ministère de la parole à lui tout seul.
A tel point qu’aujourd’hui, n’importe quel démagogue est capable de revendiquer Jaurès, même un Sarkozy, même une Le Pen.
Parce que Jaurès est devenu peu à peu une référence que l’on singe. La bannière que l’on brandit dès qu’on veut faire croire qu’on s’intéresse au sort des « petites gens », comme on disait à son époque.
Sauf qu’on brandit la bannière, mais que l’on en a rien à foutre !
Jaurès est devenu la référence de tous ceux qui se croient encore des tribuns.
Et de toute cette gauche qui adore se parer de mots plutôt que d’actes. Qui adore mentir et se mentir.
Mon pauvre Jean. Complètement dévalué. Tu méritais mieux que l’adoration fausse des accapareurs de la démocratie représentative.
Si toi, lectrice, et toi lecteur, tu as encore envie de vibrer pour Jaurès, je te conseille ce magnifique spectacle qui tourne bien : Jean. Solo pour un monument aux morts, de Patrice de Beneditti. Là, au moins, tu auras de l’émotion et tu sauras pourquoi.