Soutenez le refuge
J’ai connu de nombreux refuges. Certains étaient froids, rudes, dépouillés. Mais ils étaient ce qu’ils étaient. Des refuges. Des abris.
Je me souviens du premier, le refuge de l’Oule, dans le massif de Belledonne, sur le glacier du Gleyzin. Le glacier n’est plus, ou quasiment plus. Il subsiste, ça et là, langues de blanc au creux des thalwegs, couches de glace grises sous des amas de gneiss, rendant dangereuse la marche sur ces schistes glacés.
Le glacier disparaît, mais le refuge de l’Oule est toujours là. Il est même gardé l’été.
Enfant, il m’apparaissait comme un oasis d’humanité au cœur de l’étendue millénaire. Un havre pour affronter séracs, crevasses, combes avalancheuses, toute cette panoplie de pièges et de chausses-trappes que la haute-montagne confectionne pour ramener l’homme à la modestie de sa condition.
Plus tard, j’ai connu d’autres refuges. Des grands, confortables, parfois trop. Des chaleureux, joyeux. Et des grottes, froides et noires, au creux de parois alpines peu hospitalières. Des abris chargés d’histoire, et hors du temps. Ouverts aux aventuriers.
J’ai connu d’autres refuges, différents. Clos par besoin. Lieux de sûreté pour camés repentis, asiles de charité pour malades ou déshérités, planches de salut pour pestiférés.
Et des maisons-refuge, ouvertes aux amis, aux apatrides et exilés de passage.
Je connais un refuge. Un recours chaleureux, gai, rempli d’une force et d’une humanité.C’est un jeune refuge. Il n’a que dix ans. Mais il lutte contre l’ignorance et la bêtise, contre la haine et la peur. Il est, en lui-même, une aventure. Une belle aventure.
Soutenez-le. Soutenez-les.