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La 6° république de Mélenchon est à la république ce que le 6° sens est aux 5 autres sens : une mystique

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Je cherche une raison qui pourrait m’amener à manifester le 5 mai pour une sixième république, à l’appel de Jean-Luc Mélenchon. Je n’en trouve pas. Ça m’embête. Je combats la V° république depuis si longtemps. Pendant des années, j’ai enseigné sa nocivité à mes étudiants. J’ai travaillé avec ceux qui, il y a déjà quinze ans, se penchaient sur la nécessité d’un nouveau contrat social. Et nous étions alors des marginaux.
Je pourrais redire ici ce qu’ont déjà très bien dit Bastien François et d’autres, que je ne trouve pas le programme ni du Parti de Gauche, ni du Front de Gauche en la matière. Que je ne vois rien d’autre qu’un appel à une constituante, et quelques principes jetés sans développement.
Je cherche une exemplarité que je pourrais suivre, sur le cumul des mandats, par exemple. Quand les trois-quarts des parlementaires Front de Gauche cumulent leur mandat de député ou de sénateur avec des mandats de maires ou de conseillers généraux, régionaux, des présidences d’intercommunalité, ce n’est assurément pas là que je vais la trouver. Dans la parité ? Deux députées sur dix. Encore un effort, camarades.
Je pourrais chercher la confiance dans une organisation qui fonctionne différemment des organisations issues du mouvement ouvrier, qui n’ont souvent fait que copier la structuration pyramidale des pouvoirs qu’elles étaient pourtant sensées combattre. Je cherche en vain des textes forts du Parti de Gauche assumant une démocratie horizontale. Je ne trouve que des incongruités (des responsables locaux élus au suffrage majoritaire), et des appels à la démocratie directe, une base qui interpelle un sommet, et de multiples niveaux de hiérarchie entre les deux.
Je pourrais me laisser guider par les mots, par un élan.
Mais si je combats la V° république, c’est d’abord parce que c’est un régime bonapartiste. Un régime taillé par et pour un homme providentiel, celui qui par son charisme saura emmener le peuple. Je ne rejette pas le charisme. J’ai suffisamment lu Max Weber pour reconnaître que certains changements profonds sont favorisés par la capacité d’un leader à les populariser. Mais je sais aussi que le charisme n’est pas une solution. J’ai lu Ian Kershaw, et j’y ai appris que le charisme en politique porte aussi le bonapartisme, au moins pire, et le totalitarisme, à ses extrêmes.
Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas rejoindre un mouvement qui ne tient que sur l’incantation. Il n’y a rien de pire que l’alliance du molletisme, cette tradition de la gauche française qui consiste à produire un discours radical de changement tout en continuant à fonctionner selon des règles conservatrices, et du charisme politique. Surtout quand il s’appuie sur le registre si vite démagogique du « populaire ».
Il y a dans le verbe mélenchoniste trop de choses qui me dérangent. Les « sortons-les tous », et autres « coups de balai », purs moments populistes, assumés par Martine Billard, co-présidente du PG, comme les éléments d’une « course de vitesse avec le FN » : « on ne peut pas laisser le FN être le seul à parler fort ».
Mais ça veut dire quoi, parler fort, Martine ? À quel moment l’appel à l’insurrection populaire permet de se garder de la violence populiste ? Qu’est-ce qui peut garantir qu’un verbe populiste « de gauche » nous protège du bonapartisme, du populisme, de la démagogie ?
Les références à la mythologie de la révolution française ? Les incessants rappels à Robespierre ?
La VI° république que je veux n’est pas le retour à une mystique révolutionnaire. Elle n’est pas la reprise d’un chemin abandonné il y a deux cent vingt ans, peuplé de guillotines, de leaders paranoïaques et de culte de l’être suprême.
La 6° république de Jean-Luc Mélenchon est à la république ce que le 6ème sens est aux 5 sens : une mystique. Un machin peuplé d’irrationnel, sans autre garantie de succès que la confiance que l’on devrait accorder à un leader charismatique au registre démagogue. Non, décidément, ce sera sans moi.

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Pour ne pas parler de sexe, la droite glisse dans la violence

Agressions homophobes, outrances verbales, violences à l’Assemblée, … Après avoir donné un tour passionnel à son combat contre le mariage pour tous, voilà que l’opposition rentre dans le domaine dangereux des pulsions.
De quoi parle-t-on, depuis que l’on parle de mariage pour tous ? De deux choses, essentiellement. De normes sociales et de normes sexuelles.
Tant que les homosexuels n’avaient pas droit au mariage, ils et elles pouvaient être reléguées dans la subversion. Tout au moins dans l’esprit de celles et ceux qui considèrent que l’homosexualité reste une anormalité. Le PACS était à leur yeux un sous-contrat. Ça tombe bien, pour beaucoup d’entre eux, les homosexuels sont du registre d’une sous-humanité.
L’ouverture du mariage, acte civil, contrat juridique, les placent dans une norme acceptée. Et c’est là que tout coince. L’opposition à l’ouverture de cette norme sociale fait remonter au grand jour son origine même : le refus d’accepter socialement la liberté de choix sexuel*.
C’est dans ce nœud, psychanalytique, celui du sexe, que réside l’explication de la majeure partie des violences homophobes auxquelles nous assistons. Il ne s’agit pas de morale, ni d’enfants à protéger, non. Il s’agit de sexe. De peur du sexe. De peur de la liberté sexuelle. Cette peur refoulée, qui remonte en pulsions. Violentes. Et c’est précisément pour ne pas avoir à parler de sexe que cette droite glisse dans la violence.
C’est sur ce terreau de l’inconscient que les principaux dirigeants de la droite parlementaire ont construit leur mobilisation, épaulés par une passionaria catholique improbable, bouffonne mais efficace.
C’est sur cette “terre de la folie” que les extrêmes droites et les catholiques traditionalistes croient pouvoir rejouer la crise politique des années 30.
Ils attisent une autre version de la partition qu’ils jouent depuis des décennies. De la peur de l’autre, de l’étranger, leur rhétorique de guerre glisse vers la peur du même. L’homophobe a d’abord peur de lui-même. De ce que tous les appels à la tradition et à la peur refoule au fond de lui. Et dans cette haine de l’autre, c’est d’abord la haine de soi qui s’exprime.
Face à ce cocktail explosif de cynisme, de violence et de refoulement, il y a urgence à répondre par le nombre, et par une mobilisation massive. C’est encore une fois toutes nos libertés que nous défendons en luttant pour l’égalité du mariage et la liberté de choix sexuel. Et je serai sur la place de la Comédie à 19 heures le 23 avril, pour célébrer avec de très nombreux montpelliérains le vote solennel de la loi.
Mais tout notre amour (de l’autre, et pas seulement de soi), et toute notre fraternité ne suffiront pas. Il nous faudra, aussi, oser parler de sexe.
Il n’est pas anodin, à cet égard, que l’une des principales associations organisatrices des manifestations réactionnaires (l’association des familles catholiques) soit également initiatrice d’une pétition contre l’éducation sexuelle à l’école. Il faut, d’urgence, développer les soutiens publics, à tous les niveaux, pour des associations comme le Planning Familial. Et refonder une véritable éducation sexuelle, dont l’inanité n’a jamais été aussi criante dans ce pays.

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“Vous êtes haine, nous sommes amour”. EELV répond à Civitas, dimanche 21 avril. Photo @R0deric

De qui ?

Cher Gaëtan Gorce

Je viens de lire ton interview au Monde, dans laquelle tu déclares que “malheureusement, tu songes à quitter le PS presque tous les jours”. Du coup j’ai lu ton blog. Pas tout. Disons, les 10 derniers mois.
Du dernier billet, sur le système clanique, j’ai entendu l’écho des choses que j’avais souvent dit et écrit durant le quart de siècle que j’ai passé à militer au PS. Urgence de rénovation, fermeture démocratique, aveuglement social, dégoût jusqu’à la nausée des pratiques clientélistes.
Pendant plusieurs années, comme toi aujourd’hui, j’ai songé à quitter le PS presque tous les jours. Je l’ai fait en 2010. Après le congrès de Reims, j’en étais arrivé à la conclusion que ce parti n’était plus réformable de l’intérieur, et que j’avais été bien fou de croire si longtemps qu’il était possible de le faire. Il faut dire que j’habite en fréchie, et que j’étais lassé d’être l’opposant de service.
Pourtant, et contrairement à ce que certains de mes ex-camarades ont cru, et croient encore parfois, ce n’est pas tant le fonctionnement interne de ce parti, son incapacité à faire vivre une démocratie, sa sempiternelle reproduction d’une organisation du pouvoir fidèle en tous points au modèle social qu’il est censé combattre, un système fait de féodalités, d’accumulations de capitaux politiques et symboliques, de verticalité et de partage rigide des fonctions sociales. Tout celà n’est pas propre au Partis Socialiste, c’est la gangrène de toutes les formations issues du mouvement ouvrier français.
Non, ce qui m’a fait quitté le PS et rejoindre Europe Ecologie, c’est ce que tu amorces dans un autre billet de ton blog, une réponse à Gérard Grunberg sur la social-démocratie, lorsque tu écris :
“La crise que nous affrontons n’est pas le énième épisode d’une alternance cyclique entre phases d’expansion et de ralentissement. C’est au contraire une mutation du système économique tout entier provoquée, entre autre par la crise énergétique, et conditionnée par la problématique du réchauffement climatique et du recul de la biodiversité. C’est dans cette perspective, qu’à l’instar de la crise de 29, les socialistes doivent se placer. Et c’est cette pédagogie qu’ils devraient faire : celle d’un éco-socialisme faisant jouer, pour organiser la société autour de la recherche du bien commun, à la question environnementale le rôle qu’a pu tenir au XXème siècle la question sociale.”
En d’autres termes, je suis parti parce que j’étais convaincu que, parce qu’il ne comprenait les crises que nous avions à affronter, le PS était dans l’incapacité d’y aporter des réponses.
Dans les années qui ont précédées cette décision, trois rencontres m’ont permis de radicalement changer mon approche de l’économique, du social et du politique.
Celle de Pierre Larrouturrou, d’abord. Pierre n’est pas un grand stratège politique, mais c’est un grand économiste. C’est lui qui m’a fait rester au PS dans les dernières années, et c’est en travaillant avec lui et son groupe que j’ai révolutionné mes approches économiques, que j’ai compris la faillite de toute stratégie productiviste ou néo-colbertiste, et la nécessité d’inscrire un autre projet économique au cœur du projet politique.
Celle de Denis Robert, ensuite. Parce qu’il m’a fait comprendre combien il était indispensable d’analyser les circuits financiers, la puissance noire de ces mécanismes, et la nécessité, par conséquent, de lutter prioritairement contre la corruption et les paradis fiscaux.
Celle de Daniel Cohn-Bendit enfin, il y a longtemps. Lorsque, au détour d’une partie de pétanque à côté du Pic-Saint-Loup, j’ai entraperçu ce que pourrait être une autre organisation politique, plus horizontale que verticale, et un autre fonctionnement politique, fait de pollinisation et de dialogue égalitaire entre les différents milieux militants.
Je t’écris tout ça, cher Gaëtan, parce que tu me sembles amorcer ce tournant plus vite encore que la génération qui s’est échappée au Parti de Gauche au même moment où j’ai rejoins Europe Ecologie. Et qu’il faut continuer.
Je n’ai pas de conseils à te donner. Je ne sais pas s’il faut continuer à espérer changer l’appareil et le logiciel socialistes de l’intérieur, ou s’il faut le faire de l’extérieur.
Je ne crois pas à l’alternative du Parti de Gauche, même si elle a le mérite de porter, avec moult contradictions, un discours sur l’écologie politique.
Je sais qu’EELV n’est pas une réponse parfaite, qu’il faudra certainement dépasser le cadre qu’elle s’est donné à sa (re)naissance si l’on veut qu’un jour nos diagnostics et nos solutions soient majoritaires.
Mais c’est aujourd’hui le moins mauvais des cadres d’action dans lequel je puisse m’investir et me projeter pour changer le monde qui m’entoure. Et que c’est cette urgence qui prime.
Bienvenue dans l’écologie politique, camarade Gorce. C’est une alternative globale, et elle a besoin de force.
Et à très bientôt, où que tu ailles.

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De quoi ?

Georges Frêche est mort. Le temps de l’instrumentalisation de l’art est fini.

À l’approche de la ZAT Paillade, les articles de presse se multiplient,  pointant le risque de manifestations ou de violences pendant la sixième édition de ces Zones Artistiques Temporaires, cette fois implantée dans le grand quartier populaire de Montpellier. Combien de papiers dans la presse locale ? 3, 4, 6 ? Trop.

À force, la répétition interroge. Est-ce qu’on ne serait pas en présence d’un jeu malsain, qui consisterait à instrumentaliser l’objet culturel à des fins bien plus politiques ?

D’abord, il y a le couplet sur le coût.
La ZAT, c’est cher, insinue-t-on.
500 000 € par édition.

– Ouille, ma bonne dame, ça douille, dites-donc !
– Une demie patate ?!
– Mettre ça dans un quartier populaire, pauvre, qui connait la misère et la précarité, c’est un peu indécent, non ?
–  En plus c’est de la culture pour bobos, les gens des quartiers, ils s’en battent l’œil, du beau. 

Litanie de café du commerce, dans laquelle, en cherchant à délégitimer l’objet artistique, on distille sans même le voir un bon vieux fond de racisme social.

Chère, la ZAT ? Chère par rapport à quoi ? Au nombre de spectateurs ? C’est vrai, entre 20 et 50 000 suivant les éditions, ça fait peu…
Quand Euterp, l’association qui chapeaute l’Orchestre et l’Opéra, remonte une pièce, certes magnifique, pour 800 000 € et 3 représentations qui rassemblent 6000 personnes, et rapportent 150 000€ de billetterie, c’est cher ?
Chère par rapport à quoi ? Au niveau de vie de la population qu’elle veut toucher ? Parce que la culture pour les pauvres, il faut qu’elle soit pauvre ?
Quand on annonce qu’on va couvrir le stade de la Mosson et faire des parkings autour, le tout pour 50 millions d’€, c’est pas trop cher pour le quartier ?
Ce débat a le don de m’énerver.

Je ne suis pas en train de défendre à tout prix les ZAT.
J’aime ces manifestations, dans ce qu’elles sont. Elles ont permis de relancer une politique culturelle municipale qui était à l’agonie, même pas digne d’une ville de moins de 50 000 habitants.
Elles ont permis de sortir l’art des murs dans lesquels une politique culturelle uniquement axée sur le rayonnement d’institutions labellisées l’avait confiné.
Elles touchent, par ce fait, un autre public, beaucoup plus large. Loin de n’être qu’un public d’habitués de l’art, de spectateurs professionnels.
Elles croisent la politique culturelle avec la ville dans son ensemble.
Toutes choses que je défends depuis longtemps, et que j’ai trop longtemps prêché dans le désert.
Ça ne signifie pas que tout est bien.
La Zat Paillade, pour la 1ère fois, a entrepris sérieusement un travail en amont de la manifestation. Avec une implication d’équipes sur le territoire, un travail de pratiques amateurs, de médiation, qui n’avait pas été mené jusque-là.
Ce n’est pas un reproche, le “jusque-là”. Il a fallu imposer la manifestation. Artistiquement, d’abord. Politiquement, ensuite. Et ce ne fut pas facile.
La médiation, le travail en amont, est un nouvel étage. Nous aurons deux jours pour juger de ce qu’il apporte.
Il manque encore deux étages pour que le travail soit global.
D’une part, il faudra que la Ville associe d’autres collectivités pour permettre aux équipes artistiques qui œuvrent dans l’espace public de travailler sur le long terme. L’objectif, à terme, est que Montpellier accueille une fabrique des arts de la rue qui manque cruellement en région.
D’autre part, et c’est l’inquiétude que pointent certains acteurs du quartier, la mobilisation en amont des ZAT devra déboucher sur une nouvelle politique culturelle dans les quartiers. Parce que si la ZAT Paillade réussit dans son ambition, elle créera des attentes. Et la Ville devra répondre à ces attentes. Et avec elle, les autres niveaux de collectivités, pour que les Zones Artistiques Temporaires laissent après elles des territoires permanents de la culture.

Alors profitons de ces échos polémiques infertiles pour le dire tout haut à nos édiles :

“Georges Frêche est mort, le temps de l’instrumentalisation de l’art est fini”.
Ce territoire a cruellement besoin de repenser toutes les politiques culturelles mises en œuvre depuis 30 ans. L’incapacité des différentes collectivités à envisager le renouvellement des équipes et des projets est inquiétante. Leur incapacité à travailler correctement ensemble est catastrophique. Ce que nous attendons collectivement de nos responsables est qu’il prennent sérieusement cet enjeu en main, pas qu’ils fassent des artistes les otages de leurs compétitions stériles.

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Allez, bonne ZAT.

(photo : Libre comme l’air, projet Li Wei – Zat Paillade)

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Ça m’a fait bizarre

Je viens de me faire rappeler à l’ordre. À l’ordre de marche. Je ne marchais pas en zigzag, non. Je ne courrais pas non plus. Mais je n’étais pas dans l’ordre.
Ça m’a fait bizarre.
Même la loi ne m’avait jamais rappelé à son ordre.
J’ai dit que j’ouvrais la marche, mais on m’a répondu que ce n’était pas possible, on n’avait pas encore décidé du chemin.
Ça m’a fait bizarre. Comment peut-on s’appeler “en ordre de marche” si on ne sait pas où on va ?
On m’a répondu que ça n’avait pas de sens, que la tradition voulait qu’on aille toujours au même endroit.
Je me suis dit :
– Aïe, c’est un ordre traditionaliste. J’ai du faire une erreur d’appréciation. Je croyais que c’était un ordre militaire, et c’était un ordre ecclésiastique.
Je leur ai dit. On m’a répondu vertement.
– On est “en ordre de marche”, on est prêt, quoi !
– Mais prêts à quoi ?
– À avancer !
– Mais dans quelle direction ?
– L’important c’est d’être prêts !
– Ah ! fis-je, feignant de comprendre. Comme une voiture en ordre de marche ! Elle a tout, le carburant, les fluides, le conducteur, elle est en ordre de marche. Manque juste les passagers.
Non, ça ne se peut pas. On ne sait même pas qui est le conducteur. Non, ça ne peut pas être ça.
En ordre de marche. On marche en ordre. On met bon ordre. Donc on te rappelle.
– Tu es monté sans demander, maintenant descends en rappel.
– Tu es du sous-ordre de ceux qui obéissent aux ordres de ceux qui sont plus nombreux, tu saisis ?

Je n’ai pas saisi la perche. Je vais rester un peu, j’aime le spectacle des centurions dans la plaine.

Mon binôme, elle l’a prise la perche. La longue gaule de bois. Faut dire qu’elle avait un peu la gueule de bois, alors elle avait besoin d’air. Elle a pris son élan, et elle a passé la barre. Bien joué, Olympe.

Moi j’aime pas les ordres, mais j’aime bien être sur la marche. Pas la marche militaire, hein ! La marche géographique. L’endroit le plus exposé, en temps de conflit.
Non pas que j’aime la défendre. Je n’ai pas le goût d’être marquis. Ni que je puisse croire, comme Barrès, que la marche serait “par définition, une antithèse”. Barrès ne comprenait rien.

C’est juste que, depuis la marche, on voit plus loin. Une histoire de nain et de géant.

Nanos gigantium humeris insidentes. Standing On The Shoulder Of Giants.

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et un petit clin d’œil sonore à mes camarades écoloactifs : 


(source de l’image)

De quoi ?

Toutes ces éoliennes qui défigurent les paysages de la Drôme et de l’Ardèche

Je viens de lire un papier d’Hervé Kempf dans le Monde du 8 mars dernier, et la réaction à ce papier d’un collectif anti-éolien de Lozère.
Hervé Kempf écrit : “En Languedoc-Roussillon, le développement de l’éolien est entravé par l’hostilité des collectivités locales. L’Aude et la Lozère s’opposent au schéma régional au nom de la protection de leurs paysages” (pour lire les commentaires du collectif, et la publication – reproduite illégalement – du papier d’Hervé Kempfc’est ici).

Ils ont raison, ces défenseurs du paysage. Quand on voit toutes ces éoliennes qui défigurent les paysages de l’Ardèche et de la Drôme, on les comprend. Tiens, à Tricastin, par exemple, ces éoliennes affreuses :

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J’ai grandi en partie à Lyon, dans une région industrielle, à laquelle on accède, en venant du Sud, en traversant “le couloir de la chimie”, qui serpente le long du Rhône. Ici voisinent une vingtaine d’installations industrielles classées “seuil haut”, et une dizaine de “seuil bas”. Installations populairement dénommées “usines Seveso”.

Mais là n’est qu’une périphérie du propos. Le couloir du Rhône, de l’amont de Lyon aux Côtes-du-Rhône, c’est aussi une concentration, sur 200 kilomètres, d’usines nucléaires qui ont toutes plus de 25 ans.

Bugey, 4 réacteurs mis en service en 1979-80, à 40 km au Nord-Est de Lyon ; Saint-Alban, 2 réacteurs mis en service en 1985-86, à 40 km au Sud de Lyon ; Cruas, 4 réacteurs mis en service en 1983-84, à 30 km de Valence et 15 de Montélimar ; Tricastin, 4 réacteurs mis en service en 1980-81, à 20 km au sud de Montélimar, 100 km de Montpellier.

En tout, 12 des 58 réacteurs à eau pressurisée français, qui produisent 21,5% de l’électricité nucléaire française, pour tout le grand quart sud-est.

En d’autres termes, un lozérien ou un audois utilise 75% du temps de l’électricité produite par un de ces 12 réacteurs. Qu’il voit loin de lui. Qu’il ne voit pas.

Et je n’oublie pas que ce couloir du Rhône est également le site de nos expérimentations nucléaires : le défunt Phœnix à Creys-Malville, Marcoule, ses trois réacteurs graphite-gaz arrêtés en attente de démantèlement, ses centres de recherches désuets et son projet Astrid, et Cadarache, centre d’expérimentation civil et militaire, et ses 20 installations.

Toutes ces installations nucléaires sont situées sur une zone de danger sismiqueofficiellement évaluée par le BRGM depuis 2010.

Alors je te le dis à toi, lozérien, audois, ou d’ailleurs, qui refuse le développement de l’éolien près de chez toi : tu as le droit de te battre pour que les normes de l’éolien soient plus respectueuses du paysage, pour que l’énergie produite par les champs éoliens prêts de chez toi soit d’abord au service de ton territoire.

Mais avant de t’engager dans des combats d’un égoïsme assourdissant, tu devrais avoir une pensée pour le million de personnes qui vivent le long du Rhône, exposées au risque nucléaire le plus fort, et qui échangeraient bien l’éolien contre leurs réacteurs en fin de vie, mais toujours prolongés, et qui produisent l’électricité de ton confort quotidien.

Photo de couverture : Les couleurs de demain. Centrale fonctionnant au géranium enrichi. ©Musée du vivant-AgroParisTech

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De l’écologie politique de masse

J’ai un problème. Je défends des idées qui ont du mal à passer dans la population. Je défends la mise en œuvre de politiques publiques qui soient radicalement différentes de celles qui sont mises en œuvres depuis les trente glorieuses.

J’ai conscience que l’humanité crame les ressources naturelles de la Terre dans une totale inconscience, en se foutant royalement de ce qui restera aux générations futures.

Je veux pouvoir vivre autrement, dans un monde apaisé, partagé.

Mais ça, ça demande énormément de choses.

Ça demande à ce que nous puissions collectivement imposer un autre partage des richesses, que l’écart entre les plus pauvres et les plus riches se réduisent drastiquement à l’échelle de la planète.

Ça demande à ce que nous arrivions à substituer à la production de biens inutiles pour la plupart, une production de biens utiles à tous, une production qui créée de la richesse sur des bases équitables.

Ça demande à ce que nous arrivions à substituer à la production d’énergie à partir de ressources usables, une production d’énergie à partir de ressources renouvelables. C’est d’ailleurs la clé du changement de production et de consommation.

Ça demande à ce que les politiques publiques, locales ou nationales ou européennes, soient pensées différemment, soient construites différemment, avec des systèmes de participation et de contrôle qui empêchent le détournement de l’intérêt général au profit d’intérêts privés. C’est d’ailleurs la pierre angulaire pour que l’impôt redevienne acceptable, et qu’une politique de redistribution des richesses puisse être acceptée.

Comme je crois en la faillite intrinsèque des processus révolutionnaires, qui ont tous été, sans exception, des processus de substitution d’une élite à une autre, j’ai opté depuis longtemps pour une autre méthode de transformation de la société : la diffusion de mes idées dans la société, l’élargissement de leur audience, l’idée forte que tu vas semer une autre façon de faire qui se développera sans toi, que tu vas fertiliser, polliniser, comme une abeille qui en récoltant le pollen permettra à la nature de se reproduire.
Et ce n’est pas facile.
Et c’est long et lent, alors que je vois des urgences.

Alors j’ai opté pour une démarche que j’appelle l’écologie de masse.

L’écologie de masse, ça commence d’abord par un “nous”. La création d’un collectif, dans lequel le pouvoir se partage autant que les idées et les compétences. Un “nous” le plus paritaire possible, parce que la parité est d’une redoutable efficacité.

Dans mon “nous”, on favorise une organisation en binôme paritaire. À deux, c’est mieux.

Une fois que les contours de ce “nous” sont posés, le collectif va te permettre d’agir.

Mais comment ?

Faire de l’écologie de masse, c’est prendre le pari que tu vas diffuser non pas une parole technicienne, experte, élitiste, ou une parole catastrophiste, cassandrienne, faussement radicale, mais une parole accessible à une majorité.

Faire de l’écologie de masse, c’est se donner les moyens de toucher le plus grand nombre possible de gens autour de toi. Les toucher dans leur quotidien, dans leur représentation du monde, des problèmes qu’ils rencontrent. C’est leur montrer des solutions auxquelles ils n’ont pas vraiment pensé.

Et c’est toucher le pus grand nombre possible en évitant au maximum les déformations de tes idées.

Faire de l’écologie de masse, c’est aussi intégrer que toi, militant politique, forcément généraliste, tu dois te mettre au service des engagements associatifs qui partagent tes idées.

Au contraire des partis révolutionnaires qui font du monde associatif une courroie de transmission, au contraire des partis socio-démocrates qui font du monde associatif un terrain de récupération ou de clientélisme, faire de l’écologie de masse, c’est accepter l’idée d’un partage des rôles et des savoir-faire.

Accepter d’utiliser les codes des médias, qui ont besoin de raconter des histoires plus que des idées, mais se servir de cette nécessaire personnalisation des enjeux comme d’un moyen, d’un levier pour faire avancer les causes collectives défendues notamment par les associations. La division du travail entre l’écologie politique et les mouvements associatifs doit être là : le militant politique n’est qu’un porte-voix, un accélérateur, celui qui permet de poser le problème dans la tête de celles et ceux qui sont en charge de la conception et de l’application des règles collectives.

Offrir un vélo au Préfet parce qu’il annonce une sévérité accrue auprès des cyclistes, c’est un résumé de cette méthode.

Face à une parole publique qui discrédite un engagement fondamental des écologistes, un “nous”, un collectif plutôt rodé à de “l’activisme”, décide de réagir, et de réagir vite. Il invente un processus médiatique, au sens où il espère que la forme de l’action permettra qu’elle soit relayée par les médias, et que cette forme médiatisable permettra non pas de masquer, comme trop souvent, mais au contraire de mettre en valeur le fond et les idées.

Le collectif enrôle des acteurs associatifs, qui ne travaillent pas forcément ensemble, et qui seraient réticents à se mettre sous une bannière partisane.

Il leur propose d’être une caisse de résonance, qui favorisera leur expression publique, et renforcera leur légitimité à être des interlocuteurs publics.

Il ne se substitue pas à eux, il ne leur fait pas écran. Il met à leur disposition sa rapidité d’action et sa capacité à communiquer.

L’action est construite ensemble, par un va-et-vient pour valider le message, les objectifs et les modalités concrètes, là encore dans une cohérence entre le fond et la forme.

L’action est réussie si le message est largement diffusé et relayé par les médias, si l’interlocuteur comprend la nécessité d’un dialogue avec les acteurs associatifs, et si ces derniers peuvent enclencher une dynamique de construction de politiques publiques plus efficace à la suite.
Et si la confiance est renforcée entre les partenaires de l’action.

Et si l’action des différents relais donne à d’autres l’envie de participer et de s’engager dans le même sens.

Ça, c’est de l’écologie politique de masse. Comme je l’aime.

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De quoi ?

On aurait peut-être du lui offrir un tandem avec chauffeur

Bon, le Préfet n’a pas voulu de notre beau vélo.
Il en a déjà un. On aurait peut-être dû lui offrir un tandem avec chauffeur, là il n’aurait pas eu d’excuse.
Et puis, reconnaissons-le, nous l’avons pris un peu de court, en le prévenant la veille pour le lendemain.
Mais il sait maintenant que la communauté des cyclistes montpelliérains existe, qu’elle a des choses à dire, et que le mieux serait de l’écouter.
D’autant que ses services doivent lire un peu la presse locale, et qu’elle s’est largement fait l’écho de notre joyeuse manifestation.
La porte est ouverte pour un rendez-vous commun entre le cabinet du Préfet et les associations qui nous soutenaient, Vélocité Languedocle Vieux Biclou, et d’autres qu’elles sauront associer (la Ligue contre la violence routière, et d’autres encore) pour aborder différemment la place du vélo dans les politiques de vigilance et d’éducation à la sécurité routière, et le rôle de l’Etat dans l’accompagnement des politiques locales de déplacement.
À elles de faire le job, maintenant.

Nous, nous resterons actifs. Jacqueline et moi vous tiendrons au courant des suites.

Une petite revue de presse :
“Le Préfet ne veut pas du vélo”, MidiLibre du 22 février 2013
Le Préfet en mode “petit braqué” Direct Montpellier du 22 février 2013
Ils ont d’abord pensé offrir au Préfet un “tandem avec chauffeur” – Montpellier-Journal (accès libre)
“Le Préfet refuse le vélo offert par un collectif de cyclistes” – Médiaterrannée
Le journal de France Bleu Hérault du 22 fev. 2012 (à 8’50”)
“Ils offrent un vélo au Préfet” – 20 mn Montpellier 21 fev. 2013
Des “cyclistes urbains” vont vraiment offrir un vélo à Pierre de Bousquet de Florian” – Montpellier Journal
Les cyclistes invitent le Préfet à pédaler” – Midi Libre du 21 fev. 2013

Crédit photo : Xavier Malafosse

(pour feu Montpellier Journal)

De quoi ?

M. Le Préfet, voilà votre vélo.

M. Le Préfet,

En présentant votre plan 2013 pour la sécurité routière; vous avez déclaré être frappé du nombre de cyclistes qui empruntent les voies de tramway et les sens interdits, faisant référence à une “série” d’accidents graves, pour conclure sur votre volonté que les imprudents cyclistes soient verbalisés avec vigueur.

Cyclistes urbains, acteurs d’une vie cycliste montpelliéraine forte de nombreuses et dynamiques associations, nous avons tenu à réagir avec force, humour et générosité, pour vous inviter à ne plus prendre des cas isolés pour des généralités, et vous faire découvrir une réalité que vous semblez ignorer.

Nous sommes, nous, citoyens de cette ville, usagers de ses services, experts, à notre façon, de notre quotidien.

Nous savons, grâce aux chiffres de VOS services, qu’il n’y a pas de “série” d’accidents graves. Il y a 1 accident grave. Et la série de “1” n’existe pas.

L’imprudence pour un cycliste n’est pas dans l’utilisation des voies de tram, mais dans son insertion dans un traffic automobile. C’est d’ailleurs pour cela que le Code de la Route, dont vous êtes le garant de l’application, permet aux maires d’autoriser la circulation des vélos sur les voies de bus et de tramway.

L’imprudence, pour un cycliste, n’est souvent pas de prendre un sens interdit, et de voir les voitures en face. Mais de prendre le bon sens, et d’avoir les voitures dans le dos. C’est aussi pour cela que le Code de la Route prévoit les contre-sens cyclistes.

L’imprudence pour un cycliste n’est pas toujours de prendre le feu rouge pour un cédez-le-passage, mais de croire que l’automobiliste ne va pas le bousculer au démarrage. Et c’est pour ça que le Code de la Route prévoit depuis un an la possibilité de transformer certains feux rouges en cédez-le-passage. Ce que l’on appelle le tourne-à-droite.
Vos services le disent, M. Le Préfet, le vélo n’est pas, comparativement aux autres modes de transport, dangereux pour autrui. Il est surtout dangereux pour les cyclistes de s’insérer dans la circulation., tant les automobilistes ont du mal à partager la voirie.

Nous cyclistes sommes des partageurs !
Nous voulons une voirie mieux partagée, et plus sûre.
Nous voulons des politiques de déplacements et de sécurité plus intelligentes, et nous partageons notre expérience pour les améliorer.
Et pour mieux la partager avec vous, M. Le Préfet, nous avons décidé de vous offrir un vélo.

Dans un premier temps, nous avions pensé vous offrir un tandem avec chauffeur.
Mais il est de votre devoir de Préfet de vivre cette expérience par vous-même, nous avons décidé de partager avec vous notre réserve de vélos à recycler.

Voici donc un vélo, un biclou, en bon état de marche. Il a quelques petites imperfections, que vous pourrez régler dans un atelier associatif de réparation comme le Vieux Biclou, qui a préparé votre monture aux normes de sécurité.

Nous vous offrons également un module de formation à la conduite du vélo en ville, indispensable pour bien débuter.

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Enfin, nous vous proposons de partager avec nous une balade urbaine à vélo, qui vous permettra de mieux comprendre la réalité des cyclistes en ville, et par la-meme d’amorcer un dialogue fructueux avec les associations d’usagers comme Vélocité. Vous pourrez alors aider au mieux les collectivités locales à aménager une voirie pacifiée, sûre et agréable.

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Il est trop tard pour courir après le temps perdu

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(ou pourquoi je pense qu’il faut refuser d’entrer dans la majorité municipale à Montpellier)
Rappel des faits : Depuis 2008, Montpellier est une des seules grandes villes de France dirigée par la gauche sans les écologistes.
Pourquoi ? Nulle raison n’a jamais vraiment été avancée, sauf que… l’ancien Maire ne voulait pas des Verts, que l’alliance avait été privilégiée avec le Modem, et que de nombreux points de désaccords existaient.
Depuis 2009, un serpent de mer s’est installé, celui d’une “normalisation” des relations entre le PS montpelliérain et EELV. Cela ne s’est jamais concrétisé.
Voilà que l’affaire est relancée en septembre 2012, à 16 mois des prochaines échéances municipales, à 3 mois d’entamer la dernière année d’exercice budgétaire pleine et entière, à quelques mois de vraisemblables discussion avec toute la gauche sur les projets et les envies pour 2014-2020.
Nous avons ce samedi 29 septembre une assemblée générale des adhérents d’Europe-Écologie Les Verts pour nous prononcer collectivement sur notre volonté d’accepter ou non une proposition d’entrée d’EELV dans la majorité municipale montpelliéraine.
Trois raisons principales auraient dû nous amener à opposer un refus de principe à cet ultime tour de discussions avec la majorité municipale :
1. Il est trop tard pour le faire
2. Il est trop tard pour bien faire,
3. Il est trop tard pour que cela se fasse.
1. Il est trop tard pour faire ce qui aurait pu être fait il y a plus de 4 ans. En mars 2008, les électeurs nous ont confié la responsabilité d’un programme, pas d’une alliance. Si ce rassemblement n’a pas eu lieu alors, c’est parce que la majorité municipale n’a pas souhaité le faire. Elle souhaitait mettre en évidence un autre programme que le nôtre. Les choses ont-elles changé ? La majorité municipale actuelle vient-elle nous chercher pour enfin sortir par le haut de l’infernal et ubuesque scénario de doublement de l’A9 ? Ou pour mettre en œuvre rapidement une conversion de la cuisine centrale au bio et aux circuits courts ? Pour renforcer sa volonté d’évaluer avec rigueur les délégations de services publics de l’eau et du stationnement ? Non. De ce point de vue, rien n’a changé.
Cet ultime appel au rassemblement n’est pas motivé par une nouvelle orientation politique, mais par la nécessité exogène d’organiser une énième partie de chaises musicales du fait du respect, par deux adjoints socialistes, de leur engagement de ne pas cumuler ce mandat avec leur nouveau mandat de député. Ce n’est pas notre histoire.
2. Il est trop tard pour bien faire ce que nous pourrions espérer faire. Et personne dans ce jeu de négociation n’en est dupe. À 16 mois du renouvellement de la municipalité, alors que la bataille pour la succession du maire est déjà publiquement lancée, et que les budgets de la dernière année pleine d’exercice sont en ultime écriture, la capacité opérationnelle d’élus écologistes nouvellement investis de délégations exécutives serait très faible. En terme d’action publique, le bilan que nous pourrions collectivement tirer de ce rassemblement dans la dernière ligne droite du mandat serait très hypothétique, et au final très mince.
En revanche, et la presse l’a déjà analysé en ce sens, nous donnerions des gages à l’un ou l’autre des protagonistes d’une lutte interne à l’actuelle majorité municipale, lutte qui nous est étrangère. Et nous prenons un double risque :
– celui d’être associés à un bilan municipal qui n’est pas le nôtre, dont nous contestons largement l’efficacité et la pertinence ;
– celui de nous affaiblir dans les discussions que nous aurons très vite à mener avec les autres composantes de la gauche en vue des prochaines élections municipales.
3. Il est trop tard pour que cela se fasse sans que nos valeurs en soient écornées. Le groupe des élus écologistes a malheureusement subi de profondes transformations depuis 2008. L’entrée dans la sphère exécutive municipale de 3 hommes, dont deux dépositaires de mandats importants, un conseiller général et un parlementaire, entrée rendue possible par la démission de deux adjoints socialistes qui respecteraient ainsi un engagement anticumul, quelle image donnerait donc cette tournure malheureuse ?
Celle d’un parti qui clame haut et fort son respect de la parité et son engagement contre le cumul des mandats ?
Prendrions-nous le risque de ternir notre image pour de très hypothétiques gains sur quelques réalisations municipales de dernière ligne droite, et un silence poli sur l’absence d’accord de fond sur les sujets qui nous fâchent avec le productivisme ?
Il est trois fois trop tard pour accepter d’entrer dans la majorité municipale.
Trop tard pour effacer quatre ans perdus à ne pas faire avancer des dossiers importants pour les Montpelliérains. Trop tard pour espérer en tirer de substantiels gains en termes de réalisations d’intérêt général. Trop tard pour le faire en respectant nos valeurs.
Il n’est en revanche pas trop tard pour refuser de le faire. Refusons le miroir aux alouettes d’une union de dernière minute qui nous est présentée avec la plus grande maladresse, et gardons à tout coup intactes nos possibilités d’entraîner avec nous le plus grand nombre de Montpelliérains lors du désormais si proche renouvellement de la municipalité.
François