Une économie de la culture, pas de la culture à l’économie

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Depuis plus de 10 ans, l’essentiel de mon activité professionnelle s’est résumé à une seule chose : construire les conditions du développement d’une économie de la culture. Faire en sorte que l’on reconnaisse les structures culturelles et artistiques comme des entreprises artistiques. Avec leur spécificité, mais également avec leur besoin d’entreprises. Il a fallu d’abord imposer cette idée au sein d’un secteur qui y était majoritairement rétif. Puis il s’est agi de convaincre les puissances publiques que la culture était une économie.

J’ai fait ça au détriment de toute rentabilité économique, sans concession, dans une utopie d’entreprise militante. J’y ai laissé énormément de plumes, mes associés se sont épuisés à me suivre, et ils avaient raison, tant nous avions l’impression de prêcher dans un désert.

Les choses ont changé, le rapport Filipetti a fait sauter des verrous, certes. Mais sur le terrain, les choses vont lentement.

Je me suis engagé dans cette campagne municipale avec le sentiment que cela devenait possible, que le moment était peut-être venu. Et que cette dimension des politiques culturelles est de toute façon devenue une urgence, parce que les fonds publics dédiés à la culture vont continuer à stagner, et qu’il faut trouver ailleurs les moyens d’une viabilité économique des entreprises artistiques et culturelles.

Dans le dialogue avec Jean-Pierre Moure et Nicole Bigas, j’ai trouvé, pour la première fois dans cette région, un responsable politique qui non seulement comprenait ce que je disais, mais qui était convaincu que la culture est une économie, et qu’il faut aussi l’aider comme telle. Qui comprenait que faire de la culture à l’économie était une impasse, et qu’au contraire, il fallait construire les outils pour développer l’économie de la culture, accompagner le développement des entreprises artistiques, inventer les outils pour le faire.

Le programme culturel de cette liste n’est pas parfait. Aucun programme n’est parfait. Mais les dimensions de l’emploi culturel et de l’économie de la culture ne sont pas traitées comme une priorité parmi d’autres. Elles sont au cœur du projet.

Elles sont au cœur de la réflexion sur le soutien aux entreprises artistiques, sur les outils d’accompagnement, « les incubateurs », qui, bien sûr, ne ressembleront pas aux incubateurs de start-up existants, mais s’appuieront sur un savoir-faire éprouvé. J’ai vu tant de projets artistiques de talents éclore dans cette région, et buter sur un plafond de verre, parce que les compétences en gestion, en communication, la connaissance de l’économie spécifique de telle ou telle discipline pêchaient. Les outils que nous voulons construire sont de cet ordre : permettre aux porteurs de projet artistiques d’être accompagnés sur les dimensions qui leur manquent pour percer. C’est ça le sens de l’incubateur. Et derrière ça, il y a l’idée forte que l’économie de l’art est une économie du risque et du prototype, et qu’on ne peut pas faire porter sur les seuls artistes l’intégralité du risque. C’est le rôle de la puissance publique, comme c’est son rôle dans les autres secteurs économiques. Aider les entreprises artistiques de talent, depuis le repérage des émergentes à l’accompagnement des confirmées sur les dimensions qui leur manque pour être viables.

Ces dimensions sont aussi au cœur de la partie du projet sur l’accès à la culture et la proximité. Bien sûr qu’il faut tenir un discours de la vérité, que les acteurs artistiques de ce territoire n’arriveront pas tous à vivre de leurs créations, que l’action culturelle, l’implication sur le territoire doivent aussi être valorisées, et que ceux qui font ça sérieusement doivent pouvoir en vivre même si la DRAC les ignore. C’est pour cela que l’on veut construire des conventions sur 3 ans, que l’on cherchera à consolider de l’emploi en réfléchissant aux complémentarités d’activité et de mission.

Et ces dimensions sont aussi au cœur de la réflexion patrimoniale. Avec un supplément d’âme. Que l’histoire de cette ville ne soit pas seulement une histoire pour touristes, mais que les Montpelliérains s’en emparent pour mieux être acteurs de leur ville.

Et pour tout ça, je peux considérer que le boulot a été fait dans la préparation de ce projet.

Ami-es artistes, cultureux de tous bords, soutiers de back-office, techniciens de spectacle ou cachetonneurs, je n’ai pas à vous dire ce que vous aurez à faire dimanche 23 mars.

Moi, j’irai voter pour la liste dans laquelle je suis engagé. La liste conduite par Jean-Pierre Moure. C’est la seule, à mes yeux, qui porte un projet et qui donne sens à nos futures politiques culturelles.


 

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